Pathologie de la voix et des cordes vocales

Sommaire

  1. Présentation anatomique
  2. Les symptomes et les signes cliniques
  3. L’examen ORL
  4. Les pathologie des cordes vocales sont multiples
  5. Propositions thérapeutiques

Présentation anatomique

Le larynx, l’organe responsable de la production sonore, est situé dans la partie basse de la gorge, faisant suite au pharynx formant ensemble le carrefour aéro-digestif. Le larynx amène l’air vers la trachée et permet aux aliments de se diriger vers l’œsophage.

Ainsi, le larynx est à la fois l’organe principal de la phonation, il participe à la respiration et permet la protection des voies aériennes des “fausses routes”.
Par son anatomie et par sa fonction, le larynx peut être le lieu de pathologies telles que la dysphonie, la dyspnée et la déglutition.

Les symptômes et signes cliniques

L’enrouement, la voix cassée, l’extinction vocale allant jusqu’à l’aphonie sont des motifs fréquents pour une consultation ORL. Souvent, et surtout chez les professionnels de la voix, ces modifications de la qualité vocale peuvent s’ajouter, ou être exclusivement résumés, par des modification des capacités fonctionnelles de la voix : difficulté d’atteindre certaines fréquences (la tessiture), modification du timbre, fatigue vocale avec ou sans douleur.

L’examen ORL

a) L’interrogatoire

Les symptômes sont décrits en précisant leur chronologie dans le temps, leur durée et surtout leur tolérance ainsi que leur perturbation de la vie quotidienne, surtout professionnelle.

La recherche des facteurs favorisants : le tabagisme, le reflux gastro-oesophagien, les allergies, les infections rhino-pharyngées, sinusiennes ou pulmonaires (trachéite ou bronchites), traumatismes, et surtout, le surmenage vocal.

Des antécédents d’une chirurgie thyroïdienne.

Les différents traitements prescrits et leur efficacité ou inefficacité.

b) L’examen clinique

La naso-fibroscopie faite lors de la consultation permet ainsi d’analyser.

  • la morphologie des cordes vocales,
  • leur mobilité,
  • leur vibration sur les voyelles /é/ ou /i/ émises à différentes hauteurs tonales et à intensité confortable et forte, ce qui augmente la fermeture glottique. La symétrie de la vibration des deux cordes vocales se fait en miroir,
  • la fermeture des cordes vocales et on recherche une fuite d’air,
  • la régularité des mouvements de fermeture et d’ouverture,

L’étude d’une pathologie sur les cordes vocales se poursuit en regardant le larynx en respiration calme afin d’observer :

  • la couleur,
  • la longueur,
  • la régularité de la face supérieure et du bord libre des cordes vocales,
  • les fausses cordes vocales ou bandes ventriculaires et les cartilages aryténoïdes, les commissures antérieures et postérieures
  • Vidéo-stroboscopie : Cet examen témoigne de lésions discrètes, cachées sous la muqueuse.
  • Le scanner : Devant les lésions tumorales, cet examen radiologique est souvent demandé dans un but diagnostique et pré-thérapeutique, en précisant l’extension en profondeur ou loco-régionale de la tumeur.
nodule corde vocale droite

Les pathologies des cordes vocales sont multiples

  • Les laryngites traduisent une inflammation des cordes vocales. Elles peuvent être aiguës, le plus souvent infectieuses virales et d’évolution spontanément favorable, ou chroniques liées à une modification de la muqueuse des cordes vocales particulièrement chez le patient tabagique.

  • Les nodules sont habituellement situés à la partie antérieure des cordes vocales. Ils portent aussi le nom de « kissing nodule ». Les polypes prennent l’aspect d’une petite tumeur bien vascularisée de la corde vocale. Les kystes et angiomes sont plus rares

  • L’œdème est souvent observé chez le patient fortement tabagique, il peut prendre une importance variable.

  • Les lésions inflammatoires de la partie postérieure du larynx (cartilage des cordes vocales et muqueuse des cordes vocales) particulièrement observées dans le reflux-gastro-oesophagien.

Toute lésion suspecte devra conduire à une biopsie.

Propositions thérapeutiques

Le traitement de la dysphonie est toujours basé sur le traitement de sa cause.

1) La cause la plus fréquente de dysphonie est la laryngite, aiguë ou chronique, correspondant à un état inflammatoire du larynx.

  • La laryngite virale survient dans contexte d’infection globale de la sphère ORL. Le traitement sera surtout symptomatique associant des anti-inflammatoires, un décongestionnant nasal, parfois des aérosols. Devant la suspicion d’une surinfection bactérienne, un antibiotique est indiqué.
  • La dysphonie fluctuante, épisodique, parfois saisonnière doit faire évoquer un éventuel terrain allergique nécessitant un traitement par des anti-histaminiques avec un bilan allergique à distance.
  • Les causes inflammatoires d’une dysphonie traînante ou chronique sont surtout le tabagisme et le reflux gastro-oesophagien.

Le traitement médical du reflux est parfois associé à un bilan gastroscopique.
Le sevrage du tabac est toujours souhaitable et un suivi fibroscopique est indiqué devant la possibilité de l’évolution vers une lésion tumorale.

2) Les tumeurs bénignes (nodules, kystes, polypes) sont traitées par une micro-chirurgie par voie endoscopique, sous anesthésie générale, parfois en ambulatoire.

L’intervention phonochirurgicale vise à rétablir une anatomie normale de la corde vocale et une vibration glottique souple et régulière, la plus proche possible de la vibration physiologique.


Elle se distingue donc des laryngoscopies réalisées à des fins biopsiques.

L’intervention est conduite sous anesthésie générale, par l’intermédiaire d’une laryngoscopie en suspension à l’aide de micro-instruments. Quelle que soit la technique employée, la phonochirurgie s’intègre toujours dans une stratégie thérapeutique comprenant non seulement l’acte chirurgical, mais aussi la correction des facteurs étiologiques et la prise en charge de la dysfonction vocale, le plus souvent par la rééducation orthophonique

3) Les tumeurs malignes

  • Elles constituent le cancer du larynx dont le tabac est le principal facteur de risque. Elles nécessitent un bilan d’extension et une prise en charge médicochirurgicale adaptée à ce bilan.

Dans les cas de surmenage vocal, souvent intriqué avec les causes de la laryngite, une prise en charge orthophonique obtient de bons résultats. Pour les professionnels de la voie non-chanteurs (et donc sans notion de la “technique” vocale), cette apprentissage permet d’éviter la fatigue vocal et donc le comportement compensatoire responsable de la dysphonie.

Dans les cas des chanteurs, les causes sont souvent les laryngites aiguës, aggravées par un surmenage ponctuel
le dysfonctionnement secondaire au surmenage vocal prolongé peut être responsable pour l’apparition des lésions organiques (nodules…).

Donc toute dysphonie nécessite un examen fibroscopique.